La balade au Pont Julien m’a ramenée à mon enfance, à ces souvenirs de toi et de moi dans cette cabane au bout du champ, juste derrière ce vieux mur.
Ce n’était pas dans le Vaucluse, c’était ailleurs en Provence.
Tous les champs se ressemblent au printemps en Provence, des coquelicots, des marguerites blanches ou jaunes, des herbes hautes, les “montres”, les herbes qui s’accrochent à nos jambes nues et aux chaussettes, des arbres fruitiers en fleurs ou en fruits en devenir.
Ce champ abandonné, sur la Véloroute du Calavon, avec ces vieilles pierres, cette nature à l'abandon qui s'est adaptée pour survivre, a le charme du passé, mon imagination et mes souvenirs ont fait le reste.
Mon appareil photo a pris les photos sans moi, un cliché après l'autre, moi j'étais avec toi, petit garçon au sourire tendre, le bouquet de fleurs que tu me tends, a l'odeur de l'enfance, des goûters au chocolat fondu, aux bisous sur nos joues rouges d'avoir couru pour se retrouver.
Notre cabane construite avec des branches de pins et d'arbres fruitiers a disparu, le foulard, que ta maman a cherché longtemps, nous servait de nappe sur la table en forme de grosse pierre.
Nous avions poussé plus que porté, de grosses pierres pour nous servir de chaises et de table. Quelques rondins de bois faisaient office de feu au centre.
Je mettais tes fleurs dans un verre que je remplissais avec le sirop de grenadine de ma gourde.
Nous mangions nos goûters, nous nous amusions d'un rien, un chien qui aboyait, les histoires de classes de nos petits camarades, nos balades dans les herbes hautes, la recherche des asperges sauvages, le ramassage des limaçons.
Je me souviens de nos rires et de nos courses...
Tu viens de disparaître dans la chemin.
L'émotion était au rendez-vous ce jour là, je ne verrai plus jamais le pont Julien de la même manière.
Photos et texte © Marie Marchi
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